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à l’attention des néophytes et prétendus incompétents
Comment parler sérieusement de la musique à des « béotiens », à des « individus lambda », à des « ignares » comme aiment (se complaisent) à se définir certains de mes amis et correspondants ?
L’offre de musique enregistrée est de nos jours pléthorique : sans parler des disques, internet permet d’accéder, par ce qu’on appelle le « streaming » ou plus simplement grâce à des sites comme YouTube, à une infinité d’œuvres, chacune déclinée en de multiples versions. Comment choisir, en fonction de quels critères ? Sauf à raconter la vie des compositeurs, ou à échanger des avis subjectifs, des impressions (j’aime, je n’aime pas), il est assez difficile de parler de musique. A la différence des arts plastiques, la peinture par exemple, la musique est insaisissable. On peut rester un moment devant un tableau pour le commenter ; en principe il ne s’envolera pas. La musique passe : l’arrêter, ou parler en même temps qu’elle, c’est la tuer. De plus, les mots utilisés pour décrire un tableau ou une sculpture relèvent pour la plupart du vocabulaire courant (couleurs, formes, géométrie…). Commenter une pièce de musique suppose l’emploi de termes plus ou moins ésotériques pour qui n’y a pas été initié. Enfin, alors que nous pouvons avoir un accès direct au tableau (original ou reproduction), la musique exige pour exister l’intervention d’un ou plusieurs interprète(s) qui vont nous proposer des versions parfois très différentes. Comment juger ? Où est vraiment l’œuvre telle que l’a conçue son auteur ? Mon objectif : fournir des éléments qui permettent d’approfondir la connaissance de l’art musical, d’améliorer sa perception, de se forger une opinion. Pour ma part, j’ai toujours été méfiant devant l’argument d’autorité : « je sais, donc vous devez me croire ». Une opinion, un jugement, doivent se fonder sur des documents, des preuves, et supposent l’exercice de l’esprit critique. D’où mon choix de donner autant que possible les sources sur lesquelles je m’appuie. Cette rigueur me paraît d’autant plus nécessaire qu’on peut lire ou entendre n’importe quoi, et pas seulement sur internet (on en trouvera des exemples flagrants dans l’article sur le menuet). La lecture des articles peut se faire à plusieurs niveaux : on peut survoler les passages un peu techniques, du moment qu’on saisit le sens général de la démonstration. Et surtout j’illustre toujours par des exemples musicaux les questions abordées. C’est évidemment plus facile dans le cadre d’un cours oral, qui permet l’échange avec les auditeurs ; on peut revenir sur un point mal expliqué ou mal compris. Mais, d’un autre côté, un article écrit peut être relu, les exemples réécoutés.
Difficulté supplémentaire : les habitudes. On a entendu une œuvre de multiples fois, on a de la peine à accepter une interprétation qui dérange… C’est encore plus vrai pour la musique ancienne : les compositeurs romantiques ou modernes fournissent en général un grand nombre d’indications pour les interprètes, et il est alors plus difficile pour le profane de différencier les versions : tout se joue dans des détails et des nuances parfois difficilement perceptibles. En musique ancienne les indications sont bien plus rares ; les compositeurs utilisaient un langage que connaissaient les musiciens de l’époque, qui appliquaient spontanément des règles d’interprétation alors connues de tous. Ces règles ont été oubliées, et c’est le mérite des musicologues et de certains musiciens de les avoir redécouvertes, non sans débats et discussions. De là des versions beaucoup plus différenciées (sans parler des initiatives laissées aux musiciens, en matière d’ornementation par exemple). J’ai commencé ma série d’articles en insistant sur un paramètre facile à appréhender : celui du tempo, de la vitesse d’interprétation. Pas besoin d’être un super pro pour entendre… Un peu plus délicate est la question de la perception et de son amélioration. La plupart des auditeurs entendent la musique comme une mélodie ou un chant accompagnés. L’oreille se focalise sur la mélodie, tandis que l’« accompagnement » est perçu de manière globale, synthétique. De même qu’on peut apprendre à déguster et mieux apprécier les vins, en analysant les sensations et les impressions qu’ils suscitent, on peut démultiplier le plaisir esthétique procuré par la musique en développant ce que j’appellerai une écoute « analytique », ce qui va permettre d’entendre des choses qu’on n’aurait pas forcément perçues dans un premier temps. Au fond, le commentateur d’un tableau va procéder de façon identique, en attirant notre attention sur des éléments que nous n’avions pas repérés au premier abord alors même que nous les avons sous les yeux
On trouvera donc ici des articles allant dans ce sens. Il ne faut pas hésiter à écouter plusieurs fois les exemples donnés. Par ailleurs l’utilisation d’un casque audio, même simple, permet d’améliorer de façon significative la qualité sonore de l’audition, et donc de mieux percevoir tel ou tel détail.
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le titre auquel vous avez échappé... |
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